Princess Cruises tient énormément à son classicisme, et propose (j’allais écrire « impose ») des soirées de gala (« formal nights »), avec tenue de rigueur exigée. Cela correspond très certainement à la clientèle de Princess (dont la moyenne d’âge à bord est élevée), mais ne cesse de m’interroger sur la stratégie de cette compagnie : une volonté de faire évoluer leur technologie vers le siècle présent (et par là même, peut-être, attirer une clientèle plus jeune, plus branchée), tout en conservant un pied dans le siècle passé, attachée aux croisières d’avant-guerre. Un choc des cultures qu’on retrouve dans les commentaires de nombreux passagers, qui n’apprécient pas tous le médaillon et le saut technologique qu’il représente. Mais Princess devra quand même trouver ses clients de demain en choisissant son camp !
Parce que le classicisme, pour moi, se marie assez mal avec le « low cost », les croisières à bas coût (comme Costa ou MSC). Et c’est une autre de mes déceptions avec ce retour à bord d’un navire Princess : je résumerai ça en disant que Princess Cruises s’est « Costa-iser », c’est-à-dire que Carnival a, semble-t-il, appliquer les mêmes (mauvaises) recettes à bas coût que sur son autre compagnie d’entrée de gamme, Costa. J’avais un assez bon souvenir de la nourriture à bord des navires Princess, et je suis tombé de haut assez rapidement en découvrant la médiocrité de nombreux plats.
La première déception, ce sera la buffet. D’abord, comme le bateau n’est pas plein, le « World Fresh Marketplace » est fermé en grande partie. Seule une à deux lignes sont ouvertes en générale. Période Covid oblige, on ne peut pas se servir seul, alors que de nombreuses autres compagnies sont revenues au self-service. Il faut dire qu’à l’entrée du buffet, personne ne se lave les mains. Pas d’employés non plus présents pour au moins distribuer du gel hydroalcoolique. La majorité des passagers passent devant les lavabos et le distributeur de gel sans s’arrêter. Et Princess Cruises s’en moque. Pas étonnant que les plus gros scandales de propagation du virus Covid à bord aient été sur cette compagnie (cf Diamond Princess !).
Les plats sont dans des casseroles en tout genre, avec un couvercle la plupart du temps. Rarement transparent, impossible de voir à quoi ça ressemble. Seul le nom du plat est inscrit sur un petit écriteau. Pour être servi, il faut attendre qu’un des cuistots soit disponible ou attentif. Souvent un challenge. Cela a au moins un avantage (et c’est certainement le but recherché) : ça évite le gaspillage. Mais il faut voir la tête des passagers quand le serveur ne dépose qu’une malheureuse cuillerée dans l’assiette tendue… certains ne se gênent pas pour réclamer plus !
D’autres plats sont déposés sur des grills. Ils peuvent rester là un bon moment, jusqu’à ce qu’un passager viennent en réclamer un. Et là… catastrophe : c’est systématiquement desséché, tellement c’est resté longtemps sur le grill… Mon pire souvenir sera ce muffin, au petit déjeuner, que j’ai carrément eu du mal à couper avec mon couteau, tellement l’ensemble était sec et le pain durci. A classer parmi les plus mauvais plats trouvés sur un bateau de croisière. Bravo Princess Cruises ! Et une pointe d’humour (jaune !) : un écriteau avertit que les oeufs sont « undercooked »… très drôle… car c’est tout le contraire, ils sont « overcooked ».
Autre méthode que j’avais vue sur le Costa Smeralda, les petits pots ou les petites assiettes, préparées à l’avance. Par exemple, le matin, vous pouvez avoir du saumon fumé ou du hareng dans ces petites assiettes. Sauf que là encore, préparée à l’avance et exposé un long moment en rayon… la nourriture se dessèche et ce n’est plus bon quand on se sert.
Impossible de considérer ce buffet même juste correct, en tout cas si je prends comme repère mes croisières précédentes avec Princess (et encore moins si je pense à Celebrity Cruises, et leur buffet « over the top »).
Même déception dans les restaurants principaux, et encore une fois, toujours en comparant avec mes bons souvenirs précédents. Si les serveurs sont toujours dévoués et font tout ce qu’ils peuvent pour être agréables, la carte a été revue et les choix sont plus réduits. Et, même si c’est meilleur qu’au buffet, c’est assez médiocre par rapport à ce que c’était par le passé.
Restaient alors les restaurants de spécialités, payants.
J’avais là par contre un souvenir plus que mitigé à propos du restaurant « français » (Bistro sur la mer), testé sur le Majestic Princess. Je suis souvent révolté par ces compagnies qui utilisent la bonne réputation culinaire de la France pour attirer les passagers dans un restaurant payant, qui ne mérite aucune affiliation française, si ce n’est le nom de quelques plats et une vague imitation des recettes. Avant même de me demander si j’allais retenter l’expérience, les quelques échanges que j’ai eu avec des passagers ayant payé $29 leur diner m’ont rapidement convaincu que cela n’en valait toujours pas la peine.
Le Sabatini, d’inspiration Italienne, classique de la compagnie, coûte $25. Les plats étaient bons, sans effet waouh. Tout comme la pizzeria, Gigi’s pizzeria, qui est sans supplément.
Le Salty Dog Gastro Pub est une nouveauté à bord des navires Princess et propose quelques plats un peu plus sophistiqués, de type brasserie. Et c’est bon, presque plus intéressant que d’autres restaurants de spécialités. On peut choisir 2 plats parmi une dizaine, plus un dessert, pour $18 (+18% de service, évidemment).
L’Ocean Terrace Sushi est un petit restaurant situé au niveau intermédiaire de l’atrium. On y trouve à la carte une sélection de rolls, de sushis et sashimis. Les plats les plus courants sont exposés à la vue des passagers, pour aider à choisir sur pièce. J’ai pu tester 2 fois. La première fois, j’avais trouvé les poissons crus un peu fade, et après un 2e passage, je peux confirmer que le probable passage par une étape de congélation ne sert pas la qualité du résultat. Comparé à des restaurants de sushi équivalent sur d’autres compagnies, celui-ci ne brille pas vraiment, à part, peut-être, par son décor et son emplacement en hauteur, surplombant la place principale du navire.
Je n’ai pas eu l’occasion d’essayer le Crown Grill cette fois-ci. J’ai plus souvent fait appel au service en cabine (via l’application Medallion ou via le même service sur la télévision), voyage en solo oblige… à part le hamburger, très sec, le reste était correct, avec toujours un bon point pour les pizzas.