Une nouvelle fois, j’ai eu la chance de participer à la première transatlantique d’un tout nouveau navire de la compagnie Norwegian Cruise Line. Tout juste sorti des Chantiers Fincantieri en Italie, le Norwegian Prima est le premier navire d’une nouvelle classe dont 5 autres sont déjà prévus, de 2023 à 2027. Le suivant est déjà nommé : le Viva.
La compagnie a beaucoup communiqué sur ce nouveau projet, appelé Projet Leonardo, et sur une nouvelle approche pour penser ses bateaux. Bien que reprenant de nombreux classiques de NCL, déjà présents sur les bateaux précédents, ce nouveau navire est effectivement très différent.
Le premier changement majeur est une nouvelle étape pour le Haven, cette enclave privative réservée aux Suites. Anciennement situé à l’avant des bateaux aux ponts supérieurs (le premier du genre étant apparu en 2010 sur le Norwegian Epic), le Prima révolutionne ce lieu en le déplaçant à l’arrière et sur 8 ponts, carrément. Il s’agit presque là d’une industrialisation du concept : fini le nombre limité de passagers, avec l’explosion du nombre de cabines. Avec ses propres ascenseurs, un restaurant plus grand, un espace lounge et des espaces extérieurs, la place accordée au Haven est démultipliée.
Le reste du navire semble aussi avoir bénéficié de la même volonté d’augmenter les lieux publics et on peut dire qu’ils sont nombreux ! Mais cela à un effet conséquent : tous ces lieux sont relativement petits et rapidement saturés. Je vais y revenir. Et les conditions climatiques de cette première transatlantique n’ont pas aidé. NCL a choisi de la faire passer très au Nord, avec une escale à Reykjavik, en Islande. Les températures n’étaient donc pas favorables pour explorer les parties extérieures… réduisant d’autant la place utile.
La croisière de 12 nuits, du 23 septembre au 5 octobre 2022, allait de Southampton à New York. Une des escales (Kirkwall, Ecosse) a été annulée. Il n’est resté que Reykjavik (avec une nuit sur place) et Halifax. La cabine était une suite dans le Haven, au pont 12.
La Suite, le Haven
La catégorie de la cabine était « HE », Haven Penthouse with Balcony, d’environ 40m2. Très agréable avec un grand balcon et une salle de douche, avec WC séparé, un coin salon, une machine Nespresso, un petit frigo, et une immense télévision. L’entrée faisait office de dressing. Le service en chambre passait 2 fois par jour, et un « buttler » était là pour s’occuper des moindres demandes.
Au pont 16, se trouve l’accueil du Haven avec le concierge et son bureau. Juste avant l’entrée du Haven Restaurant se trouve un bar intérieur au milieu du lounge. Un autre bar se situe à l’extérieur, où l’on trouve également une piscine à débordement, des jacuzzis, un sundeck et une partie extérieure du restaurant.
Les conditions météo de cette traversée n’ont pas permis à grand monde de vraiment profiter de ces extérieurs. Les passagers des suites se retrouvaient donc plutôt dans le lounge, autour du bar… et ça ne donnait plus du tout l’impression d’un havre de paix. Impossible de trouver une place pour s’assoir aux heures de pointe. Une confirmation qu’avec le plus grand nombre de cabines et donc de passagers dans le Haven, l’endroit perd immédiatement l’un de ses intérêts dans les versions des bateaux précédents : le calme.
Le restaurant, beaucoup plus grand, a toujours eu suffisamment de place pour accueillir tous ceux qui voulaient y manger. Les menus sont désormais fixes. Un pour le petit déjeuner, un pour le déjeuner, un pour le diner : ils ne changeront pas, tout au long de la croisière. Le niveau a été revu à la hausse malgré tout. Ces menus sont d’ailleurs ceux de tous les Haven de la flotte. Il y a suffisamment de choix différents pour ne pas se lasser lors d’une croisière pas trop longue. NCL explique qu’en plus, les passagers dineront dans les divers restaurants de spécialités, donc tout va bien. Cependant, c’est certainement moins vrai pour des croisières plus longues, ou lorsqu’on revient pour une nouvelle croisière… le manque de changement se fait quand même sentir.
Gros défaut indéniable dans le service, la question des éventuelles allergies à certains aliments (« Any food allergies ? »). Cette question sur d’éventuelles restrictions alimentaires nous a été posé à tous les repas, matin, midi et soir, et même parfois plusieurs fois au début d’un même repas, soit parce que le serveur avait oublié nous l’avoir déjà posée, ou bien parce qu’un autre serveur la posait à son tour. Je ne peux m’empêcher de comparer avec une autre compagnie, dont je considère que les bateaux sont un peu comme un Haven à part entière : Viking. Lors d’une première croisière avec cette compagnie, la question nous avait également été posée… une seule fois ! Notre réponse, enregistrée dans le système informatique, devenait alors connue de tous les serveurs. Mieux encore : lors d’une seconde croisière avec Viking, la question nous a été reposée sous la forme « toujours pas de restriction alimentaire ? »… pour mettre à jour l’information. Et terminé. Bref, NCL a une sacrée marge d’amélioration sur ce point !
D’ailleurs, après avoir eu la chance d’essayer des compagnies de croisières plus dans le segment luxe, je peux affirmer que les prétentions de donner dans le luxe avec le Haven chez Norwegian Cruise Line sont loin d’être concrétisées, à part peut-être dans le prix facturé… le service est très mécanique, artificiel. On sent que NCL a formé ses serveurs à du « par coeur » et ils répètent tous à peu près les mêmes gestes, les mêmes phrases, les mêmes questions. Jour après jour, on voudrait voir un peu plus de naturel ! C’est ce qui m’avait marqué sur mes premières croisières de luxe : l’incroyable naturel du personnel, toujours à l’aise, se rappelant de tout (sans aucun doute avec l’aide d’un peu d’informatique), et chacun avec leur propre personnalité. Et non pas une personnalité standardisée que tout le monde réplique.
Et je parlais du prix : les prix du Haven depuis 2010 n’ont jamais cessé d’augmenter et il arrive de les voir s’envoler au-dessus de $700 ou $800 par nuit (et pas seulement pour les plus grandes cabines). Ce qui les positionnent au-dessus de certaines compagnies de luxe qui sont, par défaut, « all inclusive », alors que le Haven n’est pas du tout all inclusive. Je cite souvent l’exemple de l’eau : bien qu’un forfait boisson soit offert avec la plupart des réservations (enfin, partiellement offert, puisque vous devez quand même payer les taxes sur ce soi-disant « cadeau »), l’eau n’est pas incluse. Eh bien dans le Haven, c’est pareil : l’eau n’est pas incluse. Il faut la payer. Ce n’est pas pour rien que NCL ne se débarrasse pas facilement de sa réputation de compagnie où il faut payer pour tout. Impossible pour moi de ne pas faire la comparaison avec une Suite sur Celebrity, d’où je suis reparti avec une note de 0€ (oui, quand tout est inclus…) par rapport à la note en quittant le Haven, très élevée, pour une croisière déjà payé fort chère à la réservation.
Et apparemment NCL ne doit pas payer suffisamment ses employés. Dans le Haven, chaque jour, il y a des frais de service de $20, par personne. Soit $40 par jour qui s’ajoute à la facture finale. C’est supposé payer le service en chambre et dans le Haven en général (certaines compagnies l’incluent dans le prix global de la croisière, NCL parfois aussi, mais uniquement en vous le faisant payer en avance, en plus du prix affiché de la croisière). Il fut donc surprenant de voir le « buttler » (majordome) ,le dernier jour, venir nous expliquer que ces $40 par jour ne le concernait pas, qu’il n’en touchait pas le moindre centime… et que parce conséquent, il fallait aussi penser à lui. Moi qui avais cru la publicité de NCL, qui disait que les Suites avaient, entre autres avantages, la présence d’un « butter », j’avais mal lu et je ne savais pas qu’il s’agissait encore d’un service à payer ne plus…
Bref, le luxe pour NCL, il est surtout dans le prix des cabines du Haven, plutôt que dans le Haven lui-même.
Pour être juste, il est vrai que le cadre offert par le Haven sur le Prima est magnifique, le design est très classe et la promesse d’un lieu somptueux est tenue. Malheureusement, en y mettant trop de monde, et en faisant payer un prix bien trop élevé par rapport aux divers services et frais supplémentaires… il y a comme un hic. Il ne faut vraiment pas avoir essayé de vraies compagnies de luxe pour s’en satisfaire, du moins à ce prix-là.
Dernier exemple, anecdotique mais qui a renforcé mon sentiment global : lors de l’escale à Halifax, le temps était devenu plus clément et, pour la première fois de la croisière, il était possible de se tremper dans la piscine à débordement du Haven, sans mourir de froid. Cependant, le niveau de l’eau dans la piscine avait été fortement abaissé. Plusieurs passagers ont donc demandé à ce que le niveau soit rehaussé. Demandé une fois, 2 fois… 3 fois… sans effet. Finalement, un passager est allé chercher le Concierge (le maitre des lieux !) pour demander à nouveau que le niveau soit remonté… mais malgré l’acquiescement du dit Concierge, une fois parti, rien n’a été fait, sans la moindre explication. Peu importe qu’il eut été possible ou pas de modifier le niveau. C’est la gestion de la situation toute entière qui empêche vraiment NCL de pouvoir se vanter autant de sa qualité de service dans le Haven. Les passagers étaient très bavard, le soir, sur cette mésaventure, sûrement en repensant au tarif facturé par la compagnie !
A suivre, pages suivantes, les restaurants, le spa, les activités à bord, les escales et le prix.
[…] chose de bien trop cher pour ce que c’est vraiment… et le dernier navire en date (le Norwegian Prima) n’a fait qu’industrialiser le concept du Haven (représentant près d’un tiers […]