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Transatlantique Nord à bord de l’Enchanted Princess (2022)

Princess Cruises fait partie du groupe Carnival, qui possède également la compagnie Costa. Son nom résonne comme vieux souvenir d’une série télévisée, la Croisière s’amuse en français, Love Boat en version originale, car c’était sur un bateau de cette compagnie que se déroulait la série, le Pacific Princess. On n’est d’ailleurs pas toujours très loin du cliché, avec la possibilité à bord de regarder les épisodes de la série, à la demande, sur la télévision de sa cabine !

J’avais déjà fait quelques croisières avec la compagnie Princess, car l’un de ses points forts était les destinations. J’ai pu parcourir l’Asie (Diamond Princess), l’Amérique du Sud (Star Princess), la Baltique et les Iles Britanniques (Royal Princess) et l’Inde (Majestic Princess).

La dernière classe de navires, dont fait partie l’Enchanted Princess, est la classe « Royal ». Ce sont des bateaux plus imposants que leurs prédécesseurs, mais ce qui frappe en premier quand on découvre cette dernière évolution, c’est que rien ne change vraiment chez Princess : les bateaux les plus récents sont structurés de la même manière que les plus anciens, tout semble être à la même place, juste un peu plus grand. Et c’est à priori ce que souhaite la clientèle ici : retrouver un univers classique, connu, conservateur. Il n’est pas rare de croiser des passagers qui vous diront qu’ils ne voyagent qu’avec Princess Cruises.

Cependant, la compagnie Princess Cruises communique beaucoup sur sa dernière innovation : le Médaillon. Cette sorte de jeton remplace la fameuse carte qui donne accès à sa cabine, entre autres. Embarquant la technologie RFID, ce médaillon permet surtout de savoir précisément où vous vous trouvez sur le bateau, grâce à des capteurs placés un peu partout à bord (il y en aurait plus de 18 000 sur l’Enchanted Princess). En voici quelques-uns, juste dans la cabine…

On peut dire que la compagnie semble avoir tout misé sur cette nouveauté. Des services différenciants, du marchandising comme des bracelets pour porter son médaillon au poignet, une application pour smartphone entièrement dédiée… tous les bateaux de la flotte ont été peu à peu migrés vers cet écosystème. J’ai donc voulu découvrir par moi-même de quoi il en retournait et si cette innovation valait le détour.

J’ai donc opté pour une réservation de dernière minute, une croisière sur l’Enchanted Princess, un des bateaux les plus récents de la compagnie, pour une traversée de l’Atlantique de 14 nuits, de Fort Lauderdale à Copenhague, en passant par Les Açores (Ponta Delgada), Brest, Cherbourg et Skagen (cette dernière escale ayant été annulée pour cause de vents forts). Cette croisière était également proposée combinée avec la suivante, en mer Baltique, pour faire 25 nuits en tout. Mais la seconde partie a été fortement modifiée suite au retrait de l’escale à Saint-Petersbourg. Princess Cruises a vu pas mal de ses passagers renoncer à ce voyage, moins intéressant que prévu, et annuler en grand nombre. Pour remplir à nouveau son bateau, Princess a fortement baissé ses tarifs et la transatlantique en cabine avec balcon était à moins de $800 (environ 50€ par nuit, en pension complète !).

Fait rare également, il n’y avait pas de pénalité pour les voyageurs « solo ». Les prix annoncés par les compagnies de croisières sont toujours « par passager », et sur la base de cabines occupées par 2 personnes. Donc si un passager est seul (« solo »), la compagnie peut lui facturer le prix de la cabine, soit 2 fois le prix annoncé. Parfois, le prix n’est pas le double, la compagnie prenant en compte que le second passager, absent, ne consommera pas à bord (repas, boissons, etc.) et concède une légère réduction, mais c’est rarement plus de 20%, ce qui laisse le coût quand même bien supérieur au prix annoncé par passager. Sur cette croisière Princess a carrément proposé un prix standard, sans aucun supplément, pour les passagers seuls.

L’embarquement est séquencé par groupes auxquels les passagers sont affectés, et qui correspondent à différentes heures d’arrivée pour étaler l’embarquement dans le temps et fluidifier le process. Mais apparemment personne ne respecte ces créneaux…

L’enregistrement a été largement devancé à travers l’application qui permet de renseigner toutes les questions habituelles. Il ne reste alors sur place que les dernières vérifications : identité, confirmation du statut vaccinal et contrôle du test covid de moins de 72h. La queue devant le batiment est conséquente, mais le flot d’entrée ne s’arrête jamais. Donc, en une grosse demi-heure, je suis à bord. Ma cabine se trouve au pont 17, juste en face du « Retreat », une enclave réservée aux adultes, avec une piscine, un bar, et,  au pont supérieur, 2 jaccuzis et de nombreux transats. Lieu assez peu fréquenté qui portait donc bien son nom !

La première mauvaise surprise est une note, déposée dans la cabine, à propos de la connexion internet durant la transatlantique : la compagnie annonce que lors de la traversée, la qualité de la connexion ne pourra pas être maintenue en permanence et qu’il pourra y avoir de forts ralentissement, voire des coupures totales. Cette situation est plutôt classique lors des transatlantiques, et la plupart des compagnies de croisières ne se donnent pas la peine de prévenir aussi précisément. Surtout que Princess annonce dans cette même note le remboursement des forfaits internet sous forme de crédit à bord. Etonnant. Cependant, derrière cette annonce, il y aura une autre réalité.

Si la connexion est inégale durant le début du voyage, elle va soudainement devenir quasiment inexistante au bout du 4e jour. Il pouvait s’agir des classiques coupures au milieu de l’Atlantique, mais dans ce cas, la connexion finie toujours par revenir. Pas là. Jour après jour, pas de connexion. L’équipage tente de tenir le discours officiel, la connexion est lente à cause de la traversée, parce que le bateau bouge plus que d’habitude. Il faut savoir que pour que les passagers puissent accéder à internet, il faut passer par une connexion satellite. Le bateau bougeant la plupart du temps, le système d’antenne est prévue pour compenser les déplacements du bateau, mais aussi ses mouvements (merci aux gyroscopes !), comme lorsqu’il tangue. Seules les situations extrêmes (une tempête par exemple) mettent vraiment à mal ce système.

En réalité, Princess Cruises a sciemment menti à ses passagers, se cachant derrière « la malédiction de la transatlantique ». En fait, c’est un changement de prestataire d’accès à internet qui est à la source de cette situation. Ce dernier n’est pas capable de fournir une bande passante suffisante à Princess Cruises et le branchement peine à se faire. Donc, en toute connaissance de cause, Princess a décidé de mentir à ses clients, et de cacher ses difficultés contractuelles. C’est excessivement malhonnète. D’autant plus pour moi car j’avais choisi cette compagnie et cette croisière dans le principal but de tester ce dont ce ventait tant Princess : la meilleure connexion internet en mer et la révolution du Médaillon…

Si j’avais su avant de réserver que l’accès internet serait impossible, je n’aurais pas choisi Princess !

Et c’est avec le médaillon qu’une autre promesse de Princess sera mise à mal !

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