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La Corse à bord du Ponant Le Bellot

Alors que la pandémie ne laissait pas beaucoup de perspectives en matière de voyage, l’idée de trouver des croisières au départ de la France m’est venue. Après une reprise timide (et de nombreuses annulations), la réouverture est officielle le 30 juin 2021, avec l’autorisation des croisières en France. La compagnie du Ponant était sur ma liste depuis quelques temps, voilà une occasion rêvée. Après quelques croisières autour de la pointe de Bretagne, Le Bellot prend la direction de la Corse pour rééditer l’expérience de l’année passée : des croisières d’une semaine vers l’Ile de Beauté, au départ de Nice.

Embarquement prévu pour le dimanche 15 août, à 17h. J’arrive donc au port de Nice, avec de grandes attentes de cette aventure, tellement j’ai entendu de louanges à propos de cette compagnie. Heureusement, la croisière a été de meilleure qualité que l’embarquement, un processus totalement non maitrisé ce jour-là.

Il fait très chaud ce jour-là à Nice, et arriver sous un soleil de plomb est déjà une épreuve. L’embarquement devrait se révéler comme une libération, mais nous voilà à faire la queue en plein cagnard. L’accueil n’est pas piloté par quelqu’un de la compagnie mais par du personnel de sécurité du port, qui se plaint d’être abandonné. L’ordre est reçu, à distance, de bloquer l’embarquement. Il s’avérera que le passage par un contrôle auprès du médecin de bord est long et que l’étalement des arrivées dans le temps est totalement raté. Tout comme le point d’accueil des passagers qui ne permet ni de se mettre à l’ombre, ni même de s’assoir. Le ton monte parmi les croisiéristes qui sont tout autant que moi surpris de cette drôle de bienvenue.

Finalement, après plus d’une heure d’attente debout, peu à peu, au compte-goutte, les gens montent à bord, accueillis par le Capitaine qui ne semble pas vraiment se soucier des plaintes que les passagers lui expriment sur cet accueil plutôt bas de gamme. « Je ne peux pas faire pleuvoir », dira-t-il. Ce n’est pas ce qu’on envisageait non plus…

Pour embarquer, il fallait présenter un test PCR négatif. La vaccination n’était pas obligatoire, ce qui me laisse toujours perplexe par les temps qui courent. En d’autres termes, je traduis ça par une volonté plus forte de ne pas réduire le potentiel de clients plutôt que de prendre de vraies mesures sanitaires. On a donc eu de la chance, aucun cas de Covid à bord, du moins à ma connaissance. Durant la croisière, le port du masque sera obligatoire en permanence (sauf assis pour boire un verre ou manger, ainsi que dans sa cabine). Un contrôle de la température s’effectue par soi-même à l’entrée du restaurant principal.

Le bateau peut accueillir jusqu’à 184 passagers. Il est de la classe Explorer, de petite taille afin de lui permettre d’aller là où la plupart des navires de croisières ne peuvent accéder. Il est équipé de nombreux zodiacs, un des moyens les plus souvent utilisés pour les excursions ou expéditions à chaque escale. Les lieux publics sont décorés avec goût, et tout y est chaleureux.

La cabine, une « prestige », est relativement petite (19m2) mais très bien conçue, et offre même le luxe d’avoir des wc séparés de la salle d’eau, fait assez rare sur les bateaux de croisières pour être signalé. Le style est très classe, principalement avec du bois clair et certaines parties de meubles recouverts de cuirs. Les rangements sont suffisamment nombreux. Une télévision de grande taille orne le mur en face du lit. La douche de la salle de bain est assez grande pour y être à l’aise. Un panneau coulisse afin de pouvoir ouvrir entre la salle d’eau et le reste de la cabine, et laisser entrer toute la lumière. Les produits de bain sont de la marque Hermes.

Le balcon n’est pas très grand mais suffisant pour y mettre une petite table et 2 chaines. Il est possible de l’ouvrir sur celui de la cabine voisine, tout comme la cabine elle-même qui possède un panneau coulissante pour adjoindre les intérieurs. Ce n’est pas le cas de toutes les cabines à bord mais apparemment toutes celles du pont 5 ont été conçues comme ça.

On trouve des prises électriques format américain et européen, ainsi qu’un prise USB d’un coté du lit, et une prise américaine plus une prise USB de l’autre coté. Un des accessoires fournis en standard est une enceinte Bose de très bonne qualité, sur laquelle on peut connecter son smartphone en bluetooth. Autre bonne surprise de cette cabine décidément bien pensée et très moderne, le coffre fort est assez grand pour y loger un ordinateur portable (en mode paranoïa extrême), ou tout autre équipement électronique… que l’on pourra recharger à l’intérieur grâce à une prise électrique (format européen).

L’accès à internet par wifi est inclus dans le prix de la croisière, et permet de rester en contact avec le monde extérieur. Le débit est correct, avec quelques passages à vide, mais ne permet pas vraiment le streaming video.

Un frigo bien achalandé contient de l’eau, des sodas et quelques bouteille d’alcools. C’est inclus dans le prix de la croisière, et réapprovisionné chaque jour. La compagnie n’est pas avare en bouteille d’eau Evian, 4 à 6 bouteilles sont laissées dans la cabine, à coté de 2 gourdes à l’effigie de Ponant, offertes aux passagers, dans le but louable de réduire l’utilisation des bouteilles en plastique à terre. On trouve en plus 2 parapluies à dispositions. Une machine à café (Nespresso) ainsi qu’une bouilloire complète l’équipement, très complet donc.

La cabine est faite matin et soir. Le lit, préparé pour la nuit, arbore toutes les nuits une friandise… toujours un régal.

On trouve à bord un théâtre, qui sert surtout d’amphithéâtre pour les présentations des excursions ou des expéditions. Une équipe complète d’explorateurs s’y relaie pour tout nous expliquer. C’est de très bon niveau car chacun et chacune sont des spécialistes dans leur domaine (géologue, ornithologue, …). Leurs explications sont claires et passionnantes. Chaque journée se termine avec un « debrief » durant lequel l’équipe rappelle les points forts ou remarquables de la journée et détaille les activités du lendemain. On peut en général s’inscrire aux différentes options dans la foulée.

Les excursions sont incluses, à part les plongées sous-marines. Ponant distribue un gilet de sauvetage spécifique pour les sorties en zodiac, ou pour les balades en kayak, avec du matériel également disponible sur le bateau. J’ai beaucoup apprécié les tours en zodiac, sur lesquels on embarque à partir de la marina à l’arrière du bateau. Les balades en groupe de 6 à 10 passagers s’approchent de lieux. souvent inaccessibles autrement. Un vrai point fort de ce type de croisières.

Pour rester dans le monde de l’exploration, les concepteurs de ce bateau et de ses jumeaux ont eu l’idée de positionner un bar sous le niveau de la mer, le Blue Eye. Avec ses hublots géants et ses murs recouvert d’écran, ce lieu unique en son genre vous immerge dans les profondeurs marines. Le son n’est pas en reste avec un équipement qui fait ressentir des vibrations dans tout le lieu. Pendant que l’on prend un verre en guettant tout ce qui pourrait passer à l’extérieur du bateau, une voix puissante raconte une histoire digne des explorateurs qui ont inspiré cette ambiance.

J’ai pu participer à une dégustation de whisky dans ce cadre inhabituel. Une expérience inoubliable.

A l’avant, à un pont supérieur, le pont 7, un autre bar lounge permet l’observation des environs du bateau, en prenant de la hauteur. Le Jules Vernes offre un décor mixant librairie, musée et lounge, avec une partie extérieure… un véritable observatoire.

Le plus grand bar du bateau, appelé le Grand Salon, est au pont 3, à l’arrière. C’est l’un des principaux lieux de vie du bateau, avec régulièrement un groupe musical. Les cocktails y sont nombreux, en majorité inclus dans le prix de la croisière. Une sélection de boissons premium est cependant payante. Il est possible d’acheter un forfait boisson pour 20€ par jour et par personne, pour l’intégralité de la croisière. La liste de breuvages inclus s’allonge donc, mais il reste encore quelques choix encore hors forfait, comme certains champagne (le forfait inclus du Veuve Clicquot), ou des spiritueux exceptionnels. A noter que l’achat de ce forfait améliore aussi les cocktails qui bénéficient alors d’ingrédients également supérieurs.

Le Grand Salon s’étend à l’extérieur, jusqu’à l’arrière du bateau, en surplombant la marina et entourant la piscine. Au moment des repas, cet extérieur se transforme en grill où les plats sont disponibles comme dans un buffet. Le plus à l’arrière, de chaque coté du bateau, se trouvent d’immenses canapés avec vue sur la mer, façon yacht.

C’est à cet endroit également que se trouve la piscine à débordement, avec vue sur l’arrière du bateau, grâce à un bord totalement transparent. Bien qu’un peu petite pour nager, il est quand même possible de s’entrainer grâce à une turbine qui crée un courant. On démarre cet engin en appuyant sur un bouton immergé, et un régulateur permet de choisir la force du courant. Ca pulse !

Pour s’entraîner également, quelques équipements sportifs se trouvent au pont 7, dans une salle de fitness. Elle se trouve juste à coté du spa. L’accès au sauna y est libre (mis à part la gestion du protocole sanitaire obligeant de s’inscrire sur un créneau horaire à l’avance). Des traitements classiques pour un spa sont disponibles (et payants).

Quelques spectacles sont présentés dans le théâtre. Ce n’est bien évidemment pas une activité centrale pour ce type de croisière, mais les spectacles n’ont pas à rougir devant la concurrence, car ils sont de très bon niveau.

J’ai gardé le meilleur pour la fin. Le restaurant ! Appelé le Nautilus, il se situe au pont 4, avec quelques tables à l’extérieur, toujours à l’arrière du bateau. Les menus changent tous les jours, et sont même datés (ce qui change des compagnies courante, avec leurs menus cycliques). Il y a quelques plats « toujours disponibles », comme une assiette de fruits de mer, un salade César, un hamburger ou du saumon… Quelques-uns des plats à la carte se retrouvent également au grill, juste au pont en-dessous.

La carte détaille systématiquement tous les allergènes ou les types de plats (végétarien, bien-être (comprendre « bon pour la santé »), sans gluten, avec des arachides, sans lactose, bio, avec de l’ail…). Ca aussi ce n’est pas si courant. Il s’agit d’une cuisine principalement française, incluant des recettes en fonction des escales de la croisière. C’est en général très bon. Une sélection de vins blancs, rosés ou rouges est proposée, différente également à chaque repas.

Au cours de la croisière, des dégustations sont organisées. Par exemple, on a eu droit à du jambon cru de Corse (excellent), du caviar français, ou carrément un cochon entier à la broche !

Le petit déjeuner est proposé sous forme de buffet, avec la possibilité de commander tous les classiques du genres (comme des oeufs bénédicte). Sans oublier un « afternoon tea » !

Quelques exemples d’entrées…

Quelques exemples de plats…

Quelques exemples de desserts…

Le seul bémol de cette croisière se situe finalement juste au niveau du service, en particulier au restaurant. Peut-être est-ce parce que je venais juste de terminer une croisière sur le Viking Jupiter où le service était impeccable, à tout moment et en toute circonstance, mais j’ai été un peu déçu par le niveau parfois bien faible des serveurs. Une multitude de petits défauts qui ne seraient pas grand chose si on était sur une compagnie à bas coût, mais qui là se sont révélés surprenants. En vrac… attendre plus de 20 minutes une prise de la commande; avoir à réclamer 3 ou 4 fois du pain ou de l’eau; se faire servir des plats qui ne sont pas ceux qu’on a commandés; voir le serveur revenir car, en fait, il n’a pas correctement noté notre commande; se voir remplir son verre par le vin du jour alors qu’il contenait un autre vin, à la carte; répondre à la question eau plate ou eau pétillante ? et se voir servir celle qu’on n’a pas choisie… rien de bien grave, évidemment, mais à ce prix… quelle accumulation de bévues.

Les croisières à bord des navires du Ponant sont relativement onéreuses. Il s’agit souvent de croisières d’expédition et d’exploration vers des lieux exceptionnels, et difficiles d’accès. Tout ce qui est nécessaire aux aventures est fourni par la compagnie qui gère elle-même ses sorties, et le niveau de connaissances des accompagnants est bluffant. Un vrai bonheur de les écouter tout nous expliquer !

Le prix est également tout inclus, à quelques rares exceptions près, avec un positionnement résolument « luxe décontracté ». Le « dress code » n’est pas trop strict en général (mais pas question de venir en short et tongs au restaurant comme sur d’autres compagnies…), et un effort est demandé lors des soirées de gala (il y en a eu 2 sur une semaine), où smokings et tenues de soirée sont de rigueur.

Pour une semaine dans une cabine avec balcon de milieu de gamme, le montant était de 4220€, soit 600€ par nuit et par personne. A cela s’ajoute le forfait de boisson, tout à fait facultatif, à 20€ par jour et par personne, soit 154€ pour une semaine (eh oui, il faut ajouter la TVA de 20% !).

Referais-je une croisière Ponant ? Il y a de grandes chances ! L’exploration de lieux aussi exceptionnels mérite ce sacrifice !

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